Claude Berda, cofondateur d’AB Productions et figure clé de la télévision des années 90, est décédé à 78 ans, laissant derrière lui un pan entier de l’imaginaire télévisuel français. Son nom reste indissociable du Club Dorothée, des sitcoms AB et des chaînes thématiques qui ont façonné le paysage audiovisuel d’une génération.
Un enfant de la télé
Né le 3 février 1947 à Paris, Claude Berda suit des études de droit et de gestion avant de se lancer très jeune dans le commerce de jeans, puis dans l’entrepreneuriat. Ce parcours de self‑made man, entre boutiques sur la Côte d’Azur et première expérience de patron, forge son instinct de négociateur et son goût pour le risque.
En 1977, sa rencontre avec Jean‑Luc Azoulay scelle la naissance d’AB Productions, d’abord simple maison de disques et d’édition musicale. Très vite, le duo se répartit les rôles : A comme Azoulay pour l’artistique, B comme Berda pour le business, une alliance qui deviendra légendaire dans les coulisses du PAF.
Le B de AB Productions
À la fin des années 80, Claude Berda comprend que l’avenir d’AB se joue à la télévision et se tourne vers la production audiovisuelle avec TF1. En 1987, AB lance le Club Dorothée, émission culte du mercredi et du mercredi après‑midi, qui devient le vaisseau amiral d’une nouvelle ère pour la jeunesse.
Sous son impulsion, AB Productions enchaîne les succès : Hélène et les Garçons, Premiers Baisers, Le Miel et les Abeilles ou encore Les Années fac, autant de séries multi‑rediffusées qui structurent les après‑midi des années 90. Ces programmes offrent un tremplin à toute une galaxie de visages familiers – Dorothée, Hélène Rollès, Patrick Puydebat, Christophe Rippert – dont les génériques restent parfaits à insérer ici en extraits vidéo ou en captures d’écran.
L’empire des chaînes et de la TNT
Visionnaire, Claude Berda voit dans le satellite et les chaînes thématiques un nouvel eldorado et lance, au milieu des années 90, le bouquet AB Sat. En 1996, il introduit AB à la Bourse de New York pour financer cette expansion, une première pour un groupe audiovisuel français de cette envergure.
À partir de 1998, il rachète RTL9, alors déficitaire, la redresse et en fait l’un des piliers du câble et du satellite. Pionnier de la TNT, il participe au lancement de chaînes comme TMC, NT1 et AB1, contribuant à redessiner la carte de la télévision gratuite en France au début des années 2000.
Séparation, catalogue culte et cession
En 1999, les routes de Jean‑Luc Azoulay et de Claude Berda se séparent : le premier reprend la majeure partie de la production avec JLA, tandis que le second conserve les chaînes et un immense catalogue de programmes sous la bannière AB Groupe. Ce trésor de milliers d’heures de sitcoms, dessins animés, variétés et fictions deviendra un véritable coffre à souvenirs pour les rediffusions et les plateformes nostalgiques.
Au fil des années 2000, il renforce ses liens capitalistiques avec TF1, qui entre au capital d’AB Groupe avant de reprendre TMC et NT1. En 2017, AB Groupe est cédé à Mediawan, ouvrant un nouveau chapitre pour ce catalogue devenu mythique, pendant que Claude Berda diversifie ses investissements, notamment dans l’immobilier.
Une disparition et une madeleine télévisuelle
Claude Berda est mort le 19 décembre 2025, à l’âge de 78 ans, entouré de l’estime d’un milieu qui le considérait comme l’un des grands bâtisseurs de la télé populaire. De nombreux témoins de cette aventure, des animateurs comme Dorothée aux producteurs et réalisateurs, saluent un patron exigeant mais fidèle, capable de transformer une intuition en phénomène de société.
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